Une rencontre des hospitaliers de Conques, c’est d’abord la joie de se retrouver entre hospitaliers, de revoir des visages amis, de découvrir ceux qu’on ne connaît pas encore ; de voir, venus spécialement à Mondaye, nos cinq frères de Conques, Michelle et Pier Paolo, Marie-Noëlle et Chantal.
Se retrouver… à MondayeMais être ensemble à Mondaye, c’est tout autre chose : un cadre – une belle abbaye du XVIIIème siècle au milieu du Bessin ; des frères, que nous avons peu l’occasion de voir à Conques ; des moments, dans l’abbatiale, de prière, de recueillement, de joie d’écouter les frères chanter ou l’orgue jouer ; c’est, pour ceux qui n’y sont pas encore venus, mettre sur le mot de Mondaye des visages, des images, un vécu.
Une abbaye qui, a souligné avec bonheur frère Joël, sait attirer des jeunes : on ne peut qu’être frappé, quand on se retrouve à l’office avec toute la communauté, par la présence de « moins de 30 ans » - le plus jeune a 21 ans - aux côtés de leurs anciens. Mondaye est une abbaye en croissance : avec ses quatre prieurés – Conques, Tarbes, Bonlieu et Gozzano en Italie -, elle compte maintenant cinquante frères, alors qu’en 1969 ils n’étaient trente-neuf. Un trait original : c’est en général d’autres horizons (Inde, Afrique, Etats-Unis) que vient la croissance dans le monde religieux.
Mais, c’est aussi une abbaye riche d’une histoire dont la clé de voûte est certainement le formidable attachement qu’ont manifesté à son égard les frères aux périodes les plus difficiles, nous a rappelé l’historien de la maison, frère Dominique-Marie, dans son passionnant exposé sur la restauration de Mondaye, dont nous fêtons cette année le 150ème anniversaire. Une histoire effectivement émaillée de nombreux épisodes dramatiques à plusieurs reprises conclus par la nécessité de quitter les lieux. Mais, à chaque fois, les frères exilés ont fait « renaître Mondaye de ses cendres ». Cela a en particulier été le cas à la suite des lois anticléricales de la fin du XIXe siècle et du début du XXe .
Nous pourrons retrouver le contenu de la présentation de frère Dominique-Marie dans l’ouvrage qu’il va publier en avril prochain « La restauration de Mondaye, 150 ans d’histoire ».
Approfondir le sens de notre mission d’hospitaliersNous parlant de la vie d’une communauté prémontrée, frère Joël a souligné qu’elle s’articule autour du concept fondamental de communion « pour aimer Dieu », qui passe par fraternité, convivialité, accueil, partage… ajoutant avec humour « on n’est pas simplement une bande de bons copains ». Peut-être cela s’applique-t-il aussi au groupe des hospitaliers.
Quelques moments de réflexion en commun sur le sens de notre service d’hospitalier à Conques avaient été ménagés, autour de trois axes : « hospitaliers au service de », « hospitaliers ensemble », « hospitaliers associés à une communauté prémontrée ». Diverses remarques et suggestions sont sorties des trois groupes de discussion : souhait largement partagé que la mission des hospitaliers soit bien centrée sur l’accueil des pèlerins, besoin ressenti d’un maintien du contact au-delà des séjours à Conques. A cet égard tout le monde a salué l’organisation de rencontres comme celle-ci. Et, pour l’établissement d’un contact permanent entre hospitaliers et avec la communauté prémontrée, l’un d’entre nous a proposé de créer un blog.
Le troisième volet, celui de l’association à une communauté prémontrée, ramène à une réflexion plus large sur le concept de « laïcs associés ».
Le matin, frère Joël nous avait rappelé l’ancienneté de cette coopération entre l’Ordre et des laïcs, qui remonte à la création du « Tiers-Ordre » par saint Norbert à l’intention de Thibaut de Champagne qui voulait s’engager à ses côtés. Les dernières décennies ont vu la renaissance de ce phénomène ancien, pour diverses raisons : la mise en valeur de la vocation des laïcs par Vatican II, le besoin de communautés religieuses souvent vieillissantes de s’appuyer sur un réseau de laïcs engagés, la souplesse de la formule qui convient bien à une époque où chacun, de plus en plus, souhaite personnaliser sa manière d’être chrétien. Conques est à cet égard un bon exemple : les hospitaliers ont le désir d’être proches de la communauté de Conques, de servir les pèlerins, mais tous ne souhaitent pas forcément aller plus loin.
L’Ordre travaille activement sur le concept. Sa commission « Laïcs associés » prépare un manuel destiné aux laïcs souhaitant se rapprocher de communautés prémontrées, qui sera discuté lors de la deuxième rencontre internationale des associés Prémontrés, qui doit se tenir à Tongerlo fin juin 2009 – la première a eu lieu à Mondaye en 2005 -. Deux hospitaliers de Conques participeront à cette rencontre.
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Enfin, pour clore notre rencontre, c’est à une « pélerinade » à Omaha Beach que frère Cyrille nous a conviés. Une belle marche sur un des grands sites du Débarquement de Normandie, un moment de rencontre avec la grande histoire, un moment d’émotion aussi au spectacle des milliers de tombes du cimetière militaire américain.
Tous garderont de ces deux jours si vite passés un très vif souvenir. Que nos frères de Mondaye et de Conques soient remerciés de l’initiative prise, de la convivialité de l’accueil et de l’excellence de l’organisation.
Claude Gaboreau
